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Prendre soin de sa santé mentale, c'est possible même en période de crise
Geneviève Chabot • mai 15, 2020

Prendre soin de sa santé mentale, c'est possible même en période de crise

La semaine de la santé mentale vient tout juste de se terminer. En lisant un article de L’actualité : «Pas moins de 15% de la population souffre actuellement de détresse psychologique, soutient la ministre Danielle McCann, qui se réfère à un sondage Léger mené pour le ministère de la Santé. C’est sept fois plus que la normale.»


Malheureusement, le contexte de la crise amène une augmentation de l’anxiété et de l’isolement chez les jeunes qui ne voient pas le bout de la crise; les parents qui tentent tant bien que mal de concilier les heures de travail avec les besoins de la famille; les personnes âgées qui n’en peuvent plus de la distanciation sociale, les ressources du réseau de la santé et des services essentiels qui travaillent encore plus fort dans les circonstances et qui s’épuisent; les personnes qui ont été mises à pied ou qui ont perdu leur emploi se retrouvent dans l’incertitude financière et j’en passe.


Forcés d’admettre que le cerveau humain ne fait que détecter des «dangers» et «menaces» à sa survie, dans ces circonstances. Que ces dangers soient réels ou perçus comme étant une menace, les effets sur le corps humain qui sont ressentis sont souvent les mêmes : une poussée d’hormones de stress, un corps qui se raidit, des sautes d’humeur, une difficulté à se concentrer et à prendre des décisions, des maux de tête. Lorsque le stress devient chronique, c’est-à-dire que les éléments stressants sont récurrents pendant une longue période comme dans le cas de la pandémie qui se prolonge, le stress prolongé augmente le risque de problèmes de santé, de sommeil, de dépendances, de troubles anxieux, de pertes de mémoires, de burn-out et de dépression.

Prendre soin de sa santé mentale

Compte tenu des fâcheuses conséquences du stress sur la santé mentale de notre société, j’aimerais donc vous sensibiliser sur l’importance de conserver son équilibre émotionnel. Plus que jamais, il s’agit de notre responsabilité de prendre soin de notre santé mentale, en tant qu’individus, mais aussi collectivement.


Il y a, selon moi, encore des tabous qui entourent la question de la santé mentale dans notre société, ce qui fait que les gens ont encore de la difficulté à en parler et à demander de l’aide, par peur d’être étiqueté, dévalorisé ou critiqué. Chacun peut donc apprendre à prendre soin de soi, et ensemble, nous pouvons faire une différence en ayant une plus grande ouverture.


Pour plusieurs personnes, la pandémie est probablement comme la goutte qui a fait déborder le vase et l’eau semble maintenant ruisseler un peu partout; mais il n’est pas trop tard, selon moi, pour apprendre à nager! Il s’agit d’avoir la sagesse de reconnaître les signes précurseurs d’une dégradation de sa santé mentale, c’est-à-dire de son état d’équilibre psychique et de bien-être, pour être en mesure de corriger la situation le plus rapidement possible. Pour identifier ces signes précurseurs, soyez à l'écoute de vos émotions!

Les émotions

Plusieurs d’entre nous n’avons pas appris à gérer nos émotions face aux situations stressantes, déstabilisantes. Encore aujourd'hui, il y a beaucoup de gens qui croient que «gérer ses émotions, c’est les refouler, ne pas les montrer». Résultat? Nous ne nous permettons pas toujours d’exprimer nos émotions aux autres et encore moins de bien les comprendre soi-même. Lorsque nous sommes en mesure de bien reconnaître nos émotions, nous pouvons agir pour transformer ces émotions, lorsque celles-ci sont alimentées par des pensées négatives nuisant à notre santé mentale.

Apprendre à nommer ses émotions

La première étape pour apprendre à maîtriser ses émotions n’est donc pas de les ignorer ou de les refouler, mais bien d’identifier ses sentiments.

Demandez-vous :

  • Qu’est-ce que je ressens ?
  • Comment est-ce que je me sens ?

Avez-vous de la facilité à nommer vos émotions? Est-ce que vos émotions se limitent à «joyeux(se)», «triste», «surpris(e)», «mal», «en colère», «dégouté(e)», «apeuré(e)»? Cela va probablement vous surprendre, mais sachez que ces 7 familles d’émotions précédentes se divisent en 82 émotions distinctes!


Imprimez la roue des émotions suivante et à chaque fois que vous vous sentez en colère, triste, mal ou que vous ressentez de la peur, je vous recommande fortement de vous référer à celle-ci et de préciser votre sentiment.


Plus vous allez agrandir votre vocabulaire émotionnel, plus vous serez en mesure de mieux décoder chacune de ces émotions différentes pour vous permettre de mieux les maîtriser.

Comprendre ses émotions

L’expression de nos émotions est donc comme le baromètre de notre état psychique.


Est-ce que c’est mal qu’il fasse 0 degré celsius? 25 degrés versus – 40? Pas vraiment, n’est-ce pas? La plupart d'entre-nous préférons peut-être une température de 25 degrés, tout comme le fait d’être heureux, joyeux. Le moins 40 degrés est clairement moins confortable, il nous fait claquer des dents, mais il nous rappelle que c’est aussi important de s’habiller chaudement. C’est la même chose avec nos émotions, lorsque nous sommes anxieux, frustrés et malheureux, par exemple. Ce n’est pas mal! C’est seulement un signe qu’il y a quelque chose qui nous dérange, une peur, un besoin qui n’est pas comblé que nous devons absolument adresser. Tout simplement!


Permettez-vous d’accueillir vos émotions lorsqu’elles se présentent et surtout, d’être curieux(se) au sujet du message qu’elles ont à vous livrer, du besoin qui n’est pas satisfait et des pensées qui ont déclenchées cet état émotionnel.

Transformer ses émotions

Vous pouvez donc prendre conscience de vos états émotionnels, particulièrement lorsque ceux-ci sont négatifs pour vous demander : 

Pourquoi ces émotions viennent d’émerger ? 

Qu’est-ce que je dois comprendre ?


Habituellement, deux nouvelles possibilités vous permettront de vous sentir mieux, c’est-à-dire:


1) modifier quelque chose dans votre environnement ou dans votre vie

Les émotions négatives sont souvent un signe que vous manquez quelque chose que vous désirez. Au lieu de continuer à vous concentrer sur ce que vous n’avez pas, ce qui vous fait sentir mal, demandez-vous : Qu’est-ce que je veux? Qu’est-ce qui me manque dans ma vie pour que je puisse me sentir vraiment bien?


2) modifier votre perception

Les émotions négatives peuvent être aussi un signe que vous devez travailler sur votre dialogue interne et apprendre à être plus tolérant, indulgent, aimant ou calme. Au lieu de blâmer les autres et les événements externes pour ce que vous ressentez, commencez à regarder à l’intérieur de vous et demandez-vous quels changements doivent se produire dans vos croyances, vos pensées et vos perceptions pour transformer ces états émotionnels négatifs et éviter qu’ils surgissent.


Avec la pandémie, j’ai vécu de l'impuissance, de l’irritation, de l’insécurité et de l’anxiété ainsi que de la solitude pendant plusieurs jours. Finalement, en nommant chacune de mes émotions, j’ai découvert que mes importants besoins de me sentir utile, libre, en sécurité, et la proximité de mes proches, c’est ce qui me manquait le plus. C’est après avoir pris conscience de mon dialogue intérieur et nommé ces émotions négatives qui m’habitaient que j’ai finalement trouvé des solutions pour les transformer en des expériences plus positives. Pour y arriver, j'ai dû nécessairement prendre du recul, prendre des bonnes respirations abdominales profondes et méditer pour me ramener dans le moment présent, dans un espace plus calme et propice aux solutions.


Le coaching virtuel m’a amené à me rapprocher socialement des gens, malgré l’éloignement physique; j’ai fini par lâcher-prise à propos des éléments sur lesquels je n’avais pas de contrôle durant la crise; j’ai décidé d’aller marcher dehors tous les jours en respectant les règles de distanciation; j’ai trouvé des nouveaux moyens de développer mon entreprise tout en ayant l’intention d’aider les gens et d’assurer ma sécurité financière.


Bref, l’être humain est très créatif quand il se donne la possibilité de créer ses propres solutions. Laissez-vous surprendre et fiez-vous à vos expériences passées où vous aviez déjà bien gérer des situations générant des émotions similaires pour transformer votre état émotionnel. À titre de prévention, vous pouvez aussi recourir au coaching professionnel pour vous aider dans le processus de la gestion de vos émotions et pour retrouver votre bien-être, de saines habitudes de vie ainsi que votre santé mentale.

Demander de l’aide au besoin

Malgré plusieurs tentatives pour surmonter la situation, il est possible que vous ayez besoin de recourir à des services d’aide psychologique. Soyez à l’écoute des signes de stress, d’anxiété ou de déprime et consultez les services d’un professionnel au besoin. Vous n’êtes pas seul à vivre cette situation. N’hésitez pas à demander de l’aide et à consulter la section Aide et ressources au besoin du site du gouvernement du Québec ou à visiter le site de Revivre.


Si vous vivez une détresse psychologique, appelez sans plus tarder la ligne d’intervention d’aide urgente et de prévention au suicide au 1-866-APPELLE (1-866-277-3553) … une voix et un cœur au bout du fil.

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